“ Le moulin à papier sur le ruisseau de Coly ”

Le 16 septembre 1613, François de Bourzolles, seigneur de la Cassagne contracte un prix-fait avec jean Castagner, maitre papetier, habitant « pour le présent, au bourg de Saint-Léon, juridiction de Boisse en Périgord ». Il s’agit de Saint-Léon d’Issigeac qui était une paroisse du diocèse de Sarlat. Castagner doit « édifier et construire, dans les terres et seigneurie de la Cassagne, sur le ruisseau appelé de las douch, et joignant autre moulin que le seigneur a sur ledit ruisseau, un moulin à papier avec une grange pour faire sécher le papier joignant ledit moulin et icelui rendre en état, dans trois mois, à faire papier bon et marchand, sans qu’il y a dire aucune chose ».

Castagner doit fournir toutes choses nécessaires comme fer, cordage, chaudière, platine et autres ferrures de l’arbre (de transmission) et les « malitz » (maillets), « la cube » des maillets, avec deux presses, cuve et « trau » (châssis de bois), l’empalement (piles) etc… Il doit rendre la grange prête à couvrir.

Le seigneur promet 300 livres et huit cartons de mixture mesure de Bourzolles, payables au fur et à mesure de l’avancement de la besogne. Il doit fournir les bois nécessaires au moulin et à la grange, mais Castagner doit prendre ces bois dans les endroits les moins commodes des bois du seigneur. Il doit les couper, les équarrir, les scier si besoin est, mais le seigneur doit en assurer le transport et prendre en charge la couverture de la grange-séchoir. Les témoins de l’acte sont: Me jacques Bausse, receveur du seigneur pour la seigneurie de Berbiguiere, et francet del Breilh, cordonnier de ce bourg. Le 20 février 1614, Castagnet qui est dit habiter le moulin à papier de la Cassagne, donnait quittance pour les 300 livres et les huit quartons de mixture.

Sans attendre, dés le 29 novembre 1613, François de Bourzolles affermait le moulin de la Cassagne et un lopin de terre et pré à proximité, pour cinq ans commençant le premier février 1614 à jean Castagner, maitre papetier et Méric Guillen, demeurant au moulin à papier de la Cassagne. La redevance annuelle est de 150 livres et six rames de papier « du plus grand et bon qu’ils feront audit moulin » payables par quartier, c’est-à-dire 37 livres, 10 sous et une rame et demie (750 feuilles) tous les trois mois. Une preuve de l’activité du moulin est donnée, en octobre 1684. Le 30 de ce mois, Guillen Beaufaict, maitre papetier de Ladou, paroisse de la Cassagne, vend cent charges de papier « petit comte » à François van Tongeren, marchand flamand d’Angoulême, papier livrable à Bergerac.

Les archives départementales nous fournissent deux témoignages de sa disparition avant la fin de XVIII<sup>è</sup>.

La carte de Belleyme qui pour cette région fut dressée en 1756, porte, légèrement en aval du moulin de Ladou basse, la mention : la Papeterie Rne (ruine). Enfin, une lettre du 24 frimaire an 12 (16 décembre 1803) adressée par le docteur Bernard Mornaud, notable de Montignac, à Guillaume Delfau (1), décrit les lieux :  » cette fontaine alimente à sa source un moulin à quatre meules et un pressoir à huile. Il existe encore une malièrie mais elle est abandonnée depuis longtemps. Elle alimentait une papeterie dont on voit encore les débris à deux cents toises du moulin » (environ quatre cent mètres). Crée pour répondre à des besoins du XVIIe siècle, la papeterie ne pouvait plus lutter, ni pour la qualité, ni pour les prix de revient avec des moulins à papier qui devenaient quasi industriels.

(1) Guillaume Delfau, secrétaire général du département de la Dordogne et auteur des fameux annuaires pour l’an XI et annuaire statistique pour l’an XII pour la Dordogne.